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Page:Mercure de France - 1891 - Tome 2.djvu/66

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JANVIER 1893


UNE PRÉFACE


Tout le monde n’a pas la conscience littéraire de M. Maurice Barrés, qui très subtilement, dans une préface qu’il écrivait pour Monsieur Vénus, élucidait, à propos du livre et de l’auteur, le cas d’un cerveau « infâme et coquet ». Pour à peu près la totalité de la critique — (en admettant qu’on puisse ainsi dénommer l’espèce de reportage pharisaïque et bref qui prévaut dans les journaux)— les romans de Rachilde appartiennent encore à la catégorie spéciale, réputée aphrodisiaque et délétère. On les signale avec reticence, comme un article de librairie secrète, et si le courage Va jusqu’à la glose, on n’est pas loin d’assimiler l’écrivain à une Locuste expérimentant sur le lecteur ses poisons. L’ignare imbécillité et la cuistréuse intolérance, dans un temps où, à force de parler de la morale, on a fini par en oblitérer la notion, s’efforcent ainsi d’avoir raison d’un esprit rétif à s’amender et qui persiste dans ses voies. C’est pourquoi il y a quelque probité à reconstituer cette figure méconnue, l’une des rares femmes de lettres qui soient plus que des bas-bleus. (i) Ces pages servent de préface au roman de Rachilde : La sanglante ironie, qui paraîtra dans quelques jours à la librairie L. Genonceaux.