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Page:Mercure de France - 1891 - Tome 2.djvu/94

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FÉVRIER 1891




Des larmes d’or tombent du masque de la Lune Qui laisse errer sa jonque, au gré de ses douleurs. Sur les tristesses violettes de la brune. Et son geste indolent sème lune après lune, Dans ce vibre automnal de maléfiques fleur Qui constellent le ciel de cruelles pâleurs.Lente, lente ci bercée elle vogue la Lune,endormie à demi dans sa robe d’argent Parmi les fleurs de nuit qu’elle égrène en songeant, Elle vogue à jamais vers l’illusoire dune Qui s’estompe en un leurre de brouillards très fins. Au milieu d’un cortège bleu de fois dauphins.Sans espoir d’atterrir à l’île fortunée qui doit finir sa vagabonde destinée Vogue, vogue à jamais, la Lune condamnée, Et c’est dans la splendeur d*un fabuleux matin D’une blancheur adamantine Le départ du bon Roi pour une Palestine que nul paladin a' jamais déflorées au taillant de son glaive. Et le Roi rêve De voir claquer son étendard, Vierge comme la Ville au faîte du rempart, Et le Roi rêve Innocemment que la conquête sera brève. Autour de lui les puérils et fois seigneurs. Seuls compagnons de l’équipé. Brandissent la loyale épée Et poussent des clameurs De joie, en dressant haut leur longue lance . Et les gonftmons verts flottent dans le soleil D’or et d’argent vêtu, le jeune Roi s’avance,Le Roi s’avance dans l’éveil De ses illusions premières. Et, cependant que ses blanches bannières Claquent dans le soleil, Il chante, Il chante le très noble espoir qui le tourmente .