. — Oui, monsieur Falk, vous êtes bien studieux maintenant ? Dans une tranquillité champêtre, — ici, au milieu des fleurs, où vous pouvez vous occuper pour vous tout seul.
— Non, il est paresseux abominablement.
— J’avais pensé que, comme pensionnaire de Madame Halm, vous vous étiez mis à poétiser avec ardeur. (Montrant du doigt vers la droite.) Le petit pavillon caché derrière les feuilles convient si bien à un poète ; il me semble que cela devrait vous disposer.
— Couvrez le miroir de mes yeux de la moisissure de la cécité, alors je chanterai le ciel lumineux. Procurez-moi à crédit, pour un mois seulement, une souffrance, quelque chose qui broie, une douleur géante, alors je chanterai les transports de la vie. Ou bien, mademoiselle, faites-moi seulement trouver une femme qui me soit tout, ma lumière, mon soleil, mon Dieu. J’ai pour cela supplié notre Seigneur, mais il s’est jusqu’à présent montré sourd, par malheur.
— Fi, cela est frivole !
— Oui, fort mal dit !
— Oh, ne croyez pas que ce fût mon dessein d’aller avec elle à mon bras flirter sur les promenades ; non, en pleine chasse sauvage et merveilleuse du bonheur, elle irait jusqu’aux terres primitives de l’éternité. J’aspire à un peu de gymnastique idéale que de cette manière peut-être je ferais le plus énergiquement.
— Bien, je prierai pour qu’un pareil sort vous échoie ; mais quand il sera venu, — supportez-le comme un homme.
— Oh, mademoiselle Svanhild ! — Bien, je m’armerai. Mais croyez-vous que je puisse compter votre prière comme quelque chose d’efficace ? Avec le ciel, voyez-vous, il faut en agir avec une douce patience. Certes, je sais que vous avez de la volonté pour deux, pour arriver à me faire perdre ma sérénité ; mais avez-vous la foi nécessaire ? voilà la question.
— Attendez que la douleur vienne et jaunisse l’été clair et verdoyant