— Et ses héritiers.
— Pour les amuser auparavant un peu, les pauvres, — car ensuite il aura les deux mains pleines de la question suédoise et de tout le tannage ministériel ; oui, je comprends.
— Voilà un homme, Monsieur Falk !
— Oui ; dans sa jeunesse, c’était un coquin.
— Oui-dà, Monsieur Guldstad ! Quand j’étais petite, j’en ai pourtant toujours entendu parler avec grand respect, — et cela par des gens dont la parole a grand poids, — du prêtre Straamand et du roman de sa vie.
— Roman ?
— Roman. J’appelle ainsi romanesque ce qui ne peut pas être apprécié par tout le monde.
— Vous excitez ma curiosité sans bornes.
— Mais, mon Dieu, il y a toujours des gens qui devant l’émotion s’excitent à la raillerie ! Il est bien connu qu’il y avait un jeune homme, un simple étudiant qui était assez insolent, impertinent, misérable, pour critiquer même William Russell [1].
— Mais voyons, ce prêtre de campagne est-il donc un poème, un drame chrétien, ou quelque chose de semblable ?
— Non, Falk, — un homme, au cœur riche. Mais si une chose pour ainsi dire morte peut exciter une pareille malignité et éveiller une foule de vilains sentiments avec une telle profondeur —
— Et une telle longueur —
— Alors, avec votre jugement, vous pouvez saisir que —
— Oui, c’est très clair. Mais ce qui m’apparait moins nettement, c’est le contenu du roman et son genre. Je puis bien juger qu’il est charmant ; mais si cela peut se dire en peu de mots —
— Je vais vous résumer le plus important de l’affaire.
— Non, je me souviens mieux ; je puis raconter —
— Je le puis aussi !
Oh, non, Madame Halm, ma
- ↑ Pièce de A. Munch, parue peu avant La Comédie de l’Amour.