chanson ; c’était ma seule ; maintenant je suis vide ! si vous voulez, vous pouvez jeter la pierre !
(Elle rentre dans la maison ; Falk reste immobile et la suit des yeux ; au loin sur l’eau on aperçoit un bateau, d’où l’on entend, très faiblement, ce qui suit.)
J’étends mes ailes, je hisse ma voile,
je plane comme l’aigle au-dessus du miroir du lac de la vie :
la foule des goëlands nous suit.
Par dessus bord le lest du bon sens !…
Peut-être vais-je faire chavirer mon vaisseau ;
mais il est délicieux de naviguer ainsi !
— Quoi ? du
chant ? Ah oui — ce sont les amis de Lind qui s’exercent à la joie ; c’est juste ! (à Guldstad, qui sort, son manteau sur le bras.) Eh bien, monsieur le négociant, — on s’esquive ?
. — Oui. Laissez-moi d’abord mettre mon
manteau ; nous qui ne sommes pas poètes craignons le froid, l’air du soir est sensible sur le cou. Bonsoir !
. — Négociant ! Avant de vous en aller, — un
mot ! Indiquez-moi un acte à accomplir, un grand acte — ! Il y va de la vie — — !
— La vie ? Si
vous vous détachez d’elle, vous verrez qu’elle se détachera de vous.
— Voilà,
sous forme concise, tout un programme donné. (Il éclate joyeusement.) Maintenant je suis réveillé de ma léthargie, maintenant j’ai jeté les grands dés de la vie, et vous verrez, — le diable m’emporte —
. — Fi, ne jurez pas, la mouche timide ne
fait pas cela.
. — Non, plus de mots, des actes, rien que des
actes ! Je renverse l’œuvre du Seigneur ; — six jours perdus à bâiller ; mon œuvre en ce monde est encore néant — ; demain, dimanche — je vais créer !
— Eh bien, nous verrons si vous
aurez la force ; mais, pour le moment, rentrez d’abord et couchez-vous, bonsoir !
(Il sort par la gauche. On aperçoit Svanhild dans la chambre au-dessus de la véranda, elle ferme la fenêtre et baisse le store.)
. —