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MAI 1898

forme et les larves de cousins qui, d’au-dessus ou d’au-dessous, se servent de la surface des étangs comme d’un plancher solide.

« On a, il est vrai, construit des sacs de toile qui laissent passer l’air et la vapeur et sont imperméables à l’eau, à travers lesquels il est possible de souffler une bougie, et qui retiennent indéfiniment leur contenu fluide. Mon confrère F. de Romilly a fait bouillir des liquides dans une cloche dont le fond était de gaze à mailles assez larges…

« Or ce lit long de douze mètres n’est pas un lit, mais un bateau, qui a la figure d’un crible allongé. Les mailles en sont assez ouvertes pour laisser passer une grosse épingle ; et tout le crible a été trempé dans de la paraffine fondue, puis secoué, de manière que cette substance (qui n’est jamais touchée par l’eau), tout en recouvrant la trame, laisse les trous vides, au nombre approximatif de quinze millions quatre cent mille. La pellicule de l’eau, quand je vais en rivière, se tend sur les trous, et le liquide sous-fluent ne peut passer que si elle se déchire. Or la convexité de ma quille ronde n’offre aucun angle saillant, et le choc de l’eau, dans les debordages, sauts de barrages, etc., est brisé par une coque extérieure non paraffinée, à mailles beaucoup plus amples, seize mille seulement ; et qui sert en outre à protéger le vernis de paraffine contre l’éraillure des roseaux, comme un gril interne le garantit de l’injure des pieds.

« Mon crible flotte donc, à la manière d’un bateau, et peut être chargé sans couler à fond. Bien plus, il possède sur les bateaux ordinaires cette supériorité, m’a fait remarquer monsavant ami C.-V. Boys, qu’on peut y laisser tomber un filet d’eau sans le submerger. Que j’expulse mes urates ou qu’une lame embarque, le liquide passe à travers les mailles et rejoint les lames extérieures.

« Dans ce canot toujours sec (qui s’appelle un