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plus nécessaires, l’assise, sinon le pinacle, et les arabesques principales. Il y manque l’architecture finale. Ces précieux préliminaires contiennent la méthode de son génie.

Cela suffit pour situer Stéphane Mallarmé à sa juste place spirituelle, au sommet le plus aigu et le plus pur de la rêverie humaine.

Visitons donc pieusement ce cloître qui, « quoique brisé, exhalerait, au promeneur, sa doctrine ». Des fleurs délicieuses et belles s’enroulent aux piliers rompus. Hérodiade se tient debout sous l’arceau en sa robe de pierreries verbales. Le Faune y flûte ses métaphores. La Musicienne du Silence y donne la main à l’Apparition. Personne ne passe là sans y cueillir une strophe ou une image dont s’embaumera sa mémoire ou s’ornera son souvenir. C’est ainsi que Stéphane Mallarmé participe à la couronne poétique de la France. Il a ajouté à l’anthologie nationale quelques-uns de ses plus solennels et de ses plus délicats chefs-d’œuvre. Son vers distille un suc subtil et cristallin, Le philtre en est puissant et magique…

C’est ainsi que j’ai revu en pensée Stéphane Mallarmé, durant la triste veillée qui suivit l’annonce de sa mort et précéda le rendez-vous funèbre ; où ne manqua presque aucun de ceux qui se devaient de former le cortège désolé de ces nobles et simples funérailles.

Nous revîmes cette petite maison de Valvins qui, pour tant d’étés encore, aurait dû abriter celui qui en avait fait, le lieu préféré de sa solitude et de