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peu la langue figurée. Leurs phrases étaient habituellement très simples, composées de deux mots, et je ne pouvais leur faire entendre — et comprendre moi-même — que les plus simples propositions. Je me décidai à laisser l’idée de ma Machine et le mystère des portes de bronze autant que possible à l’écart, jusqu’à ce que mes connaissances augmentées pussent m’y ramener d’une façon naturelle. Cependant, un certain sentiment, comme vous pouvez le comprendre, me retenait dans un cercle de quelques milles autour du lieu de mon arrivée.


VIII

EXPLORATIONS


« Aussi loin que je pouvais voir, le monde étalait la même exubérante richesse que la vallée de la Tamise. De chaque colline que je gravis, je pus voir la même abondance d’édifices splendides, infiniment variés de style et de matière ; les mêmes épais taillis de sapins, les mêmes arbres couverts de fleurs, et les mêmes fougères géantes. Ici et là, de l’eau brillait comme de l’argent, et au delà, la contrée s’élevait en bleues ondulations de collines, et disparaissait au loin dans la sérénité du ciel. Un trait particulier qui attira bientôt mon attention, fut la présence de certains puits circulaires, plusieurs, à ce qu’il me sembla, d’une très grande profondeur. L’un d’eux était situé auprès du sentier qui montait la colline et que j’avais suivi lors de ma première excursion. Comme les autres, il avait une margelle de bronze curieusement travaillée, et il était protégé de la pluie par une petite coupole. Assis sur le rebord de ces puits, et scrutant leur obscurité profonde, je ne pouvais voir aucun reflet d’eau, ni produire la moindre réflexion avec la flamme de mes allumet-