Aller au contenu

Page:Mercure de France - 1898 - Tome 28.djvu/644

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Je pensai aux colonnes où l’air tremblotait, et à ma théorie d’une ventilation souterraine. Je commençai à soupçonner sa véritable importance. — Que vient faire ce lémurien, me demandais-je, dans mon schème d’une organisation parfaitement équilibrée ? Quel rapport peut-il bien avoir avec l’indolente sérénité du monde d’au-dessus ? Et que se cache-t-il là-dessous, au fond de ce puits ? — Je m’assis sur la margelle, me disant qu’en tous les cas, il n’y avait rien à craindre, et qu’il me fallait descendre là-dedans pour avoir la solution de mes difficultés. En même temps, j’étais absolument effrayé à l’idée de le faire ! Tandis que j’hésitais, deux des habitants du monde supérieur se poursuivant dans leurs jeux amoureux, le mâle jetant des fleurs à la femme, qui s’enfuyait, vinrent jusqu’au pan d’ombre épaisse où j’étais.

« Ils parurent affligés de me trouver là, appuyé contre le pilier renversé et regardant dans le puits. Il était apparemment considéré de mauvais goût de remarquer ces orifices ; car lorsque j’indiquai celui où j’étais, en essayant de fabriquer dans leur langue une question à son sujet, ils furent visiblement beaucoup plus gênés et ils se détournèrent. Mais comme mes allumettes les intéressaient, j’en enflammai quelques-unes pour les amuser. Je tentai à nouveau de les questionner sur ce puits, mais j’échouai encore. Aussi je les quittai sur le champ, me proposant d’aller retrouver Weena et voir ce que je pourrais tirer d’elle. Mais mon esprit était déjà en révolution, mes suppositions et mes impressions se désordonnaient et glissaient à de nouveaux ajustements. J’avais maintenant un fil pour trouver l’objet de ces puits, de ces cheminées de ventilation, et le mystère des fantômes : pour ne rien dire de l’indication que j’avais maintenant quant à la signification des portes de bronze et