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des armes de métal ou de pierre dont je pouvais venir à bout. Cette nécessité était immédiate. Ensuite, j’espérais me procurer quelque moyen de faire du feu, afin d’avoir l’arme redoutable qu’était une torche à la main, car rien, je le savais, ne serait plus efficace contre ces Morlocks. Puis il me faudrait imaginer quelque expédient pour rompre les portes de bronze du piédestal du Sphinx Blanc. J’avais l’idée d’une sorte de bélier. J’étais persuadé que si je pouvais ouvrir ces portes et tenir devant moi quelque flamme, je découvrirais la Machine et pourrais m’échapper. Je ne pouvais croire que les Morlocks fussent assez forts pour la transporter bien loin. J’étais résolu à ramener Weena avec moi dans notre époque actuelle. Et retournant tous ces projets dans ma tête, je poursuivis mon chemin vers l’édifice que ma fantaisie avait choisi pour être notre demeure.


XI

LE PALAIS DE PORCELAINE VERTE


« Nous arrivâmes vers midi au Palais de Porcelaine Verte, que je trouvai désert et tombant en ruines. Il ne restait aux fenêtres que des fragments de vitres, et de grandes plaques de l’enduit vert de la façade s’étaient détachées des châssis métalliques corrodés. Le palais était situé au haut d’une pente gazonnée, et tournant, avant d’entrer, mes yeux vers le Nord-Est, je fus surpris de voir un large estuaire, et même un véritable bras de mer là où je croyais que Wandsworth et Battersea avaient autrefois été. Je pensai alors — sans suivre plus loin cette idée — à ce qui devait être arrivé