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mercvre de france—xii-1899

attribua au refroidissement inégal de sa surface des bruits assez forts qui semblaient venir de l’intérieur du cylindre, car, à ce moment, il ne lui était pas encore venu à l’idée que cette masse pût être creuse.

Il restait debout autour du trou que le projectile s’était creusé, considérant son étrange aspect, déconcerté surtout par sa forme et sa couleur inaccoutumées, percevant vaguement, même alors, quelque évidence d’intention dans cette venue. La matinée était extrêmement tranquille et le soleil, qui surgissait au-dessus des bois de pins du côté de Weybridge, était déjà très chaud. Il ne se souvint pas d’avoir entendu les oiseaux ce matin-là ; il n’y avait certainement aucune brise, et les seuls bruits étaient les faibles craquements de la masse cylindrique. Il était seul sur la lande.

Tout à coup, il eut un tressaillement en remarquant que des scories grises, des incrustations cendrées qui couvraient le météorite se détachaient du bord circulaire supérieur et tombaient par parcelles sur le sable. Un grand morceau se détacha soudain avec un bruit dur qui lui fit monter le cœur à la gorge.

Pendant un moment, il ne put réaliser ce que cela signifiait et, bien que la chaleur fût excessive, il descendit dans le trou, tout près de la masse, pour voir la Chose plus attentivement. Il crut encore que le refroidissement pouvait servir d’explication, mais ce qui dérangea cette idée fut le fait que les parcelles se détachaient seulement de l’extrémité du cylindre.

Alors il s’aperçut que très lentement le sommet circulaire tournait sur sa masse. C’était un mouvement imperceptible et il ne le découvrit que parce