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mercvre de france—xii-1899

façon qu’il soit produit, il est certain qu’un rayon de chaleur est l’essence de la chose — une chaleur invisible au lieu d’une lumière visible. Tout ce qui est combustible s’enflamme à son contact, le plomb coule comme de l’eau, le fer s’amollit, le verre craque et fond, et l’eau se change immédiatement en vapeur.

Cette nuit-là, près de quarante personnes gisaient sous les étoiles autour du trou, carbonisées, défigurées, méconnaissables, et toute la nuit, la lande, de Horsell jusqu’à Maybury, resta déserte et en feu.

La nouvelle du massacre parvint probablement en même temps à Chobham, à Woking et à Ottershaw. À Woking, les boutiques étaient fermées quand le tragique événement se produisit et un grand nombre de gens, boutiquiers et autres, attirés par les histoires qu’ils avaient entendu raconter, avaient traversé le pont de Horsell et s’avançaient sur la route entre les haies qui viennent aboutir à la lande. Vous pouvez vous imaginer les jeunes gens et les jeunes filles, après les travaux de la journée, prenant occasion de cette nouveauté comme de toute autre, pour faire une promenade ensemble et fleureter à loisir. Vous pouvez vous figurer le bourdonnement des voix au long de la route, dans le crépuscule.

Jusqu’alors sans doute, peu de gens, dans Woking même, savaient que le cylindre était ouvert, bien que le pauvre Henderson eût envoyé un messager porter à bicyclette au bureau de poste un télégramme spécial pour un journal du soir.

Les curieux débouchaient par deux et trois sur la lande, ils trouvèrent de petits groupes de gens causant avec animation et observant le miroir tournant au-dessus des carrières de sable, et la même