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mercvre de france—xii-1899

juste au-dessus de leurs têtes, enflammant les cimes des hêtres qui bordaient la route, faisant éclater les briques, fracassant les carreaux, enflammant les boiseries des fenêtres et faisant s’écrouler en miettes le pignon d’une maison située au coin de la route.

Dans le fracas, le sifflement et l’éclat aveuglant des arbres en feu, la foule frappée de terreur sembla hésiter pendant quelques instants. Des étincelles et des brindilles commencèrent à tomber sur la route, avec des feuilles, comme des bouffées de flamme. Les chapeaux et les habits prenaient feu. Puis de la lande vint un appel.

Il y eut des cris et des clameurs, et tout à coup l’agent de police à cheval arriva vers la foule confuse, en galopant, la main sur la tête et hurlant de douleur.

— Ils viennent ! cria une femme, et immédiatement chacun se retourna, et, poussant ceux qui se trouvaient derrière, tâcha de regagner au plus vite la route de Woking. Tous s’enfuirent aussi aveuglément qu’un troupeau de moutons. À l’endroit où la route était plus étroite et obscure entre les talus, la foule s’écrasa et une lutte désespérée s’ensuivit. Tous n’échappèrent pas : trois personnes, deux femmes et un petit garçon, furent renversées, piétinées, et laissées pour mortes dans la terreur et les ténèbres.



vii

COMMENT JE RENTRAI CHEZ MOI


Pour ma part, je ne me rappelle rien de ma fuite, sinon des heurts violents contre des arbres et des culbutes dans la bruyère. Tout autour de moi s’as-