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Page:Mercure de France - 1899 - Tome 32.djvu/645

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mercvre de france—xii-1899

et lui dire tout ce que vous savez. Il est à Weybridge. Vous savez le chemin ?

— Je le connais, répondis-je.

Et il tourna son cheval du côté d’où nous venions.

— Vous dites à un demi-mille ? demanda-t-il.

— Au plus, répondis-je, et j’indiquai les cimes des arbres vers le sud.

Il me remercia et se mit en route. Nous ne le revîmes plus.

Plus loin, nous vîmes un groupe de trois femmes et de deux enfants, occupés à déménager une maison de laboureur. Ils s’étaient munis d’une charrette à bras qu’ils surchargeaient de ballots malpropres et d’un mobilier misérable. Ils étaient bien trop affairés pour nous adresser la parole, et nous passâmes.

Près de la gare de Byfleet, en sortant du bois, nous trouvâmes la contrée calme et paisible sous le soleil matinal. Nous étions bien au-delà de la portée du Rayon Ardent et, n’eût été le silence désert de quelques-unes des maisons, le mouvement et l’agitation de départs précipités dans d’autres, la troupe de soldats campés sur le pont du chemin de fer et regardant au long de la ligne vers Woking, ce dimanche eût semblé pareil à tous les autres dimanches.

Plusieurs chariots et voitures de ferme s’avançaient, avec d’incessants craquements, sur la route d’Addlestone, et tout à coup par la barrière d’un champ, nous aperçûmes, au milieu d’une prairie plate, six canons énormes, strictement disposés à intervalles égaux et pointés sur Woking. Les caissons étaient à la distance réglementaire et les canonniers à leur poste auprès des canons. On eût dit qu’ils étaient prêts pour une inspection.