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la guerre des mondes

bientôt elle s’écoulerait en masse vers le Nord.

— La Fumée Noire ! criaient d’innombrables voix. Le Feu !

Les cloches de l’église voisine faisaient un discordant tumulte ; un chariot mal conduit alla verser, au milieu des cris et des jurons, contre l’auge de pierre au bout de la rue. Des lumières, d’un jaune livide allaient et venaient dans les maisons, et quelques cabs passaient avec leurs lanternes non éteintes. Au-dessous de tout cela, l’aube devenait plus brillante, claire, tranquille et calme.

Il entendit des pas courant de ci de là dans les chambres, en haut et en bas, derrière lui. La propriétaire vint à la porte négligemment enveloppée d’une robe de chambre et d’un châle. Son mari suivait, en grommelant.

Quand mon frère commença à comprendre l’importance de toutes ces choses, il remonta précipitamment à sa chambre, prit tout son argent disponible — environ dix livres en tout — et redescendit dans la rue.



xv

LES ÉVÉNEMENTS DANS LE SURREY


Pendant que le vicaire, l’air égaré, tenait ses discours incohérents, à l’ombre de la haie dans les prairies basses de Halliford ; pendant que mon frère regardait les fugitifs arriver sans cesse par Westminster Bridge, les Marsiens avaient repris l’offensive. Autant qu’on peut en être certain, d’après les récits contradictoires qu’on a avancés, la plupart, affairés par de nouveaux préparatifs, restèrent auprès des carrières de Horsell ce soir-là jusqu’à neuf heures, pressant quelque travail et produisant d’immenses nuages de fumée noire.