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SOUS LE TALON
Après avoir raconté ce qui était arrivé à mon frère, je vais reprendre le récit de mes propres aventures où je l’avais laissé, au moment où le vicaire et moi étions entrés nous cacher dans une maison d’Halliford, dans l’espoir d’échapper à la Fumée Noire. Nous y demeurâmes toute la nuit du dimanche et le jour suivant — le jour de la panique — comme dans une petite île d’air pur, séparés du reste du monde par un cercle de vapeur suffocante. Nous n’avions qu’à attendre dans une oisiveté agonisante et c’est ce que nous fîmes pendant ces deux interminables jours.
Mon esprit était plein d’anxiété en pensant à ma femme. Je me la représentais à Leatherhead, terrifiée, en danger, et me pleurant déjà comme un homme mort. J’allais et venais à travers cette maison, pleurant de rage à l’idée d’être ainsi séparé d’elle, songeant à tout ce qui pouvait lui arriver en mon absence. Je savais que mon cousin était assez brave pour affronter toute circonstance, mais il n’était pas homme à mesurer les choses d’un coup
- ↑ Voy. Mercure de France, nos 120, 121.