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naisseur de fictions, d’ombres et de mythologies, il les faut regarder pour apprécier ce symptôme la valeur de la réalité physiologique qu’elles figurent.

II

Des considérations qui viennent d’être exprimées il résulte que les lois formelles de la Connaissance ne sont point qualifiées pour engendrer des métaphysiques et des morales, et que, si des métaphysiques et des morales existent, c’est dans le monde de la réalité historique et psychologique qu’il les faut rechercher.

En ce qui touche aux métaphysiques, l’histoire consultée répond qu’une explication de l’Univers et la foi qu’elle exige pour satisfaire l’inquiétude de l’esprit n’ont jamais fait défaut aux activités humaines assemblées en groupes sociaux. Dès que se manifeste le besoin de cette explication, elles trouvent en elles-mêmes la force de l’engendrer et de l’accepter, car elles possèdent alors un pouvoir d’hallucination proportionné à leur ardeur. C’est ainsi que les religions suscitent avec précision les paradis et les mythes sacrés. Or les holocaustes, les martyres et les guerres saintes témoignent, avec abondance, de la foi que ces inventions soulèvent. Plus tard, aux esprits moins tendus ou qui plutôt, sous l’action de la Connaissance, ont compensé en besoin de lumière ce qu’ils perdaient en force de désirer, des croyances aussi strictes ne sont plus nécessaires. Il leur suffit de savoir que leur conception du monde n’est pas en désaccord avec les lois de la Connaissance. Une métaphysique pour eux n’est plus qu’une explication de l’Etre selon le vœu d’un tempérament. Si bien faite qu’elle puisse