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Page:Mercure de France - 1914-07-16, tome 110, n° 410.djvu/33

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une période de demi-désuétude et ce fut, en effet, la période durant laquelle les Parnassiens et les Naturalistes se partageaient ou se disputaient l’empire de la littérature. Période relativement courte. Et n’est-ce pas tout juste dans le même temps que les politiciens de profession, tous ces sordides et ces dénués, commencèrent d’encombrer les voies de la politique ? Ils en occupent maintenant les points stratégiques les plus importants. Cependant, et malgré les apparences, leur temps est passé ; ils sont des épaves jetées là par une vague qui depuis longtemps a rejoint ses sœurs dans la haute mer ; ils seront avant peu rejetés à l’abîme par le vent, ou ils y retomberont de par leur propre poids et comme les autres poussières : parce que, dis-je, leur temps est passé, puisque celui des idées générales est revenu, dans la politique comme dans les lettres et dans les arts. Il est dès aujourd’hui impossible de faire de la politique absolument privée d’idées, comme il est impossible de faire, en poésie ou en peinture, du pur et simple impressionnisme. Il est même curieux et un peu comique de voir, mal gré qu’ils en aient, nos députés se guinder à ce rôle de penseurs, à quoi ils sont mal préparés, tout en protestant désespérément contre cette confusion verbale des faits et des idées qui, gémissent-ils, conduit à la plus désastreuse méconnaissance de la véritable chose politique. Ils gémissent, mais ils cèdent au courant, qui les bousculera, je l’espère, et nous en débarrassera. C’est alors qu’il conviendrait d’inviter les écrivains à prendre la direction des affaires…

Mais pourquoi m’attarderais-je à raisonner sur des hypothèses quand je pourrais poursuivre cette démonstration — à laquelle, bien entendu, je me contenté ici, de faire une rapide et superficielle allusion — en parlant directement, désormais, de l’événement actuel, que le nom de Mithouard doué d’un si haut sens ?

C’est dans l’intérêt de la Ville, de son commerce et de son industrie comme de sa gloire, que les Conseillers, esprits expérimentés, pondérés, sérieux, ont confié à un poète la direction de leurs délibérations, la présidence de leur assemblée. Sans doute, ils n’ignoraient pas les qualités d’administrateur dont Mithouard leur avait donné tant de preuves, et ce dévouement inlassable, et celle admirable puissance de travail. Mais ils ne pouvaient davantage méconnaître le principe duquel pro-