Aller au contenu

Page:Mercure de France - 1er janvier 1919, tome 131, n° 493.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


  
Tout en voulant briser ses fers,
Veut briser aussi les fers, plus lourds que les siens,
Qui enchaînent et paralysent l’âme de ses tyrans.
Elle veut la Lumière pour tous,
La Liberté pour tout l’Orient,
La Justice pour le monde entier.

L’épaisse cruauté des barbares au cœur de fauves
La piétine avec une rage redoublée…
Le monde, indifférent, assiste à son martyre ;
Le monde ne la connaît pas, le monde ne la comprend pas…
Les nations libres elles-mêmes.
Enivrées du vin mauvais de l’égoïsme,
La dédaignent et la tournent en dérision,
(Quelques âmes justes entendent seules son cri,
Le comprennent,

Et, fraternelles, se penchent vers elle, pour la consoler et la soutenir)…

Et voici l’orgie fantastique du Crime…

Voici, sous le soleil clair, en plein air, en plein jour, en pleine paix,

L’exécution froide et calculée
Du projet fou de tuer l’âme d’une nation
En assassinant des masses énormes de ses enfants…
Et les nations civilisées
Assistent immobiles à cette boucherie monstrueuse,
Comme on assiste à une pièce au théâtre.


*


Aujourd’hui, le Crime, laissé impuni,
Démesurément accru, grandi multiplié,
Menace le monde…
Le Mal, encouragé, flatté, adulé,
Veut maintenant étendre sa domination
Sur toute l’humanité…
Voici les spectateurs impassibles, assaillis eux-mêmes.
Armés à présent