Aller au contenu

Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
L’ÉGOÏSTE

— C’est votre opinion, Monsieur ? dit son hôte, gêné à cause des dames, mais s’inclinant avec affabilité.

— Sans restriction. Si bien que, sans rien savoir de leurs antécédents, je mettrai mon doigt sur les hommes en fonctions publiques, qui, de bonne heure, n’ont pas reçu le fouet. Il ont été mal lancés. Le siège de leur raison n’est pas concret. Ils ne peuvent prendre le temps comme il vient, néfaste ou propice. Ils se font du mauvais sang, ne savent pardonner, reniflent à droite et à gauche en quête d’une approbation, se courroucent si le vent d’Est ne vient les caresser. Aussi, Monsieur, quand ils sont devenus les aînés, vous verrez ces hommes confondus avec la non-valeur de leur jeunesse, vous les verrez vacillants. Nous autres Anglais nous dominons le monde, parce que nous avons été fouettés. Je tiens l’opération pour une garantie d’une belle pureté de sang.

Le sourire de Sir Willoughby croissait en douceur, tandis que ses hochements de tête s’accentuaient en contradiction. Avec un air de condescendre quelque peu, après avoir répliqué et convaincu le Rév. Docteur de son erreur, il dit : Encore maintenant Jack en a besoin pour maintenir l’ordre. À bord d’un navire, votre argument est bon. Mais pas entre gentlemen. Non.

— Bonne nuit à vous, gentleman ! dit Dr Middieton.

Clara entendait Miss Éléonore et Miss Isabelle échanger leurs remarques.