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Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/37

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L’ÉGOÏSTE

il était si exaspéré à l’idée qu’il pouvait épouser une veuve, qu’il en oubliait les nuances du bon goût. Il pria Mrs Mountstuart de démentir l’histoire en termes positifs. Il répéta sa prière.

Démentir était urgent, et il dit encore : « Une veuve ! » et sa figure s’allongeant, s’érigeait en forme d’I[1]. Elle était veuve de son premier et unique mari, et c’est un fait avéré que les femmes qui gardent le nom de leur premier époux, ou n’embarrassent pas son titre d’un nouveau petit squire attaché à leurs jupes, ne peuvent approuver les objections soulevées par Sir Willoughby. Elles ont bonne opinion d’elles-mêmes et n’avouent pas aisément qu’elles auraient désiré se remarier. Elles peuvent se faire une idée de ce qu’un gentleman pense du bonnet de veuve. Mais une délicatesse qui se rebiffe devant le simple bruit qu’elle aurait pu s’allier à une veuve, semble mystificatrice. Willoughby rompit. Sa lettre I de militante devint paresseuse. Et il risqua une dénégation généreusement vague pour indiquer l’origine très douteuse de la rumeur. Il fut grondé. Mrs Mountstuart le sermonna. Cependant elle démentit la fable de la jeune comtesse : « Non, mes chers, il ne faut pas craindre qu’il l’épouse ! »

En même temps, il y eut une appréhension qu’il perdrait toute chance de mariage avec la belle Miss Durham.

  1. Jeu de mots intraduisible. I, en anglais, signifie : Moi.