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Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/87

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L’ÉGOÏSTE

entourée d’un cercle de diablotins, à peine responsable de ses pensées.

Il éclipsait Mr Whitford par ses manières envers le jeune Crossjay. Elle l’avait vu avec l’enfant ; il était gai, indulgent, jovial en contraste avec la gravité tutélaire de Mr Whitford. Il avait la largesse du père anglais, d’une aide libérale pour les goûts et les désirs de l’enfant, et il suppléait à la parcimonie du tuteur pour l’argent de poche. Il ne jouait pas au maître d’école comme font les pédants quand ils tiennent les pauvres petits gamins sous leur coulpe.

Mr Whitford évitait Miss Middleton. Il venait à Upton Park pour voir son père, et elle n’était pas fâchée de ne se rencontrer avec lui qu’à table. Il la régalait par des accès d’inquisition, la regardant dans le blanc des yeux avec une pénétration déplaisante. Elle eût aimé ses yeux. Ils devenaient insoutenables ; ils se fixaient dans la mémoire comme par un sillage phosphorescent.

Dans son enfance, ses compagnons de jeu écartant les feuilles d’une haie, lui avaient montré la femelle couvant sur le nid, et dans la merveille de cette obscurité dense, les yeux de l’oiseau l’avaient fait reculer éveillant un monde de pensées. Le regard de Mr Whitford ranimait cette sensibilité, mais non pas l’étonnement heureux d’alors. Elle se réjouit de son absence après une certaine heure passée avec Willoughby, une heure au souvenir navrant. Mr Whitford venait de partir, Willoughby arrivait, don-