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Page:Meredith - Les Comédiens tragiques, 1926.djvu/121

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LES COMÉDIENS TRAGIQUES

voyez pantelante, et non faute de courage. Le courage, Alvan, vous voyez que j’en ai ; j’ai fait tout ce que je pouvais faire.

Il l’enveloppa de ses bras, et comme un oiseau dans le nid, elle laissa tomber ses paupières.

Mais il ne disait rien ; elle redressa la tête, et devant l’anxiété de son regard, Alvan la serra plus étroitement sur sa poitrine.

— Voilà le foyer que j’aurais à vous offrir, si nous fuyions ensemble, fit-il avec une sorte de frisson, après un regard circulaire sur la chambre. Allons, dites-moi bien tout ce que vous avez à me dire.

— Je vous l’ai dit déjà, Alvan. Il n’y a rien à ajouter. Ils ne veulent rien entendre. Ils ont horreur de vous. Oh ! quel démon les anime !

— Ils ne me connaissent pas encore.

— Ils ne voudront jamais vous voir, jamais.

— Il le faut.

— Ils s’y refuseront. Leur fille, pour avoir osé dire qu’elle vous aime, ils l’exècrent. Emmenez-moi ; emmenez-moi bien loin !

— Fuir ? fuir au moment du combat ? Le rire sardonique d’Alvan disait son appétit de violence. Il faudra qu’ils apprennent de quel bois est fait un Alvan !

Clotilde gémit. Il se berçait d’illusions.

— Je les ai trouvés en train de célébrer les fiançailles de ma sœur Lotte avec un Autrichien, le comte Walburg. J’ai cru le moment propice pour parler à ma mère. Oh ! cette scène ! Ce qu’elle a dit, je ne m’en souviens pas ; c’était un sifflement qui sortait de sa bouche. Quant à mon père, votre seul nom l’a fait changer de visage et de voix. Ils m’ont traitée d’impure rien que pour le prononcer. Il