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Page:Merejkovski - La mort des dieux.pdf/10

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2 LA MORT DES DIEUX:

de l'huile d'olive et un pelit vin âpre, produit des vignobles de la localité.

Une cloison sépurait la taverne en deux parties : l'une, destinée au peuple: l'autre, aux hôtes plus considérables. Au plafond noirci, étaient suspendus des quartiers de viande fumée et d'odorantes touffes d'herbes de montagne, allestant que Vortnnata, a femme de Syrax, était une excellente ménagère, — ce qui ne palliait point la mauvaise zépuiation de la maison,

La nuit, les honnêtes Yoyageurs n'osaient s'y arré- ler, en se souvenant des récits qui se colportaient sur les ténébreuses opérations ourdies dans cette chau- mière, — bien que Syrax, intrigant ot sachant à qui glisser l’obole, n'ebt jamais élé inquiété. <

La cloison était formée par deux minces colonnes sur lesquelles était tendue, en guise de portière, une viille chlamyde, déleinte, de Fortunata. Les colon= nettes, prétendant naïvernent au style dorique, étaient Forgueil de Syrax el composaient le seul luxe de ka taverne. Dorées, jadis, elles s’élaient depuis longtemps crovassées et écaillées.

Et quant à l'étoffe de la chlamyde, d’un violet vif d'abord, maintenant d'un bleu sale, elle était agré- mentée de nombreuses reprises ct d'innombrables taches provenant. de tous les déjeuners, diners et soupers, qui rappelaient à la laborieuse Fortunata ses deux lustres de vie conjugale.

Dans la partie propre, sur lunique ct étroit lit de repos, en maints endroits déchiré, devant la table