Tous les reîtres, échauffés par le vin, commencèrent à chanter chacun un air différent. Les plats et les bouteilles couvrirent le plancher de leurs débris ; la cuisine retentit de jurements, d’éclats de rire et de chansons bachiques. Bientôt cependant le sommeil, favorisé par les fumées du vin d’Orléans, fit sentir son pouvoir à la plupart des acteurs de cette scène de bacchanale. Les soldats se couchèrent sur des bancs ; le cornette, après avoir posé deux sentinelles à la porte, se traîna en chancelant vers son lit ; le capitaine, qui avait observé encore le sentiment de la ligne droite, monta sans louvoyer l’escalier qui conduisait à la chambre de l’hôte, qu’il avait choisie comme la meilleure de l’auberge.
Et Mergy et la bohémienne ? Avant la chanson du capitaine, ils avaient disparu l’un et l’autre.
CHAPITRE II.
LE LENDEMAIN D’UNE FÊTE.
Je dis que je veux avoir de l’argent tout à l’heure.
Il était grand jour depuis longtemps quand Mergy s’éveilla, la tête encore un peu troublée par les souvenirs de la soirée précédente. Ses habits étaient étendus pêle-mêle dans la chambre, et sa valise était ouverte à terre. Se levant sur son séant, il considéra quelque temps cette scène de désordre en se frottant la tête, comme pour rappeler ses idées. Ses traits exprimaient à la fois la fatigue, l’étonnement et l’inquiétude.
Un pas lourd se fit entendre sur l’escalier de pierre qui conduisait à sa chambre. La porte s’ouvrit sans que