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Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/201

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Il fait du vent sur la mer, et la maison est noire,
Et mes rêves regardent aux fenêtres comme des fantômes,
Sans reconnaître la place de l’église d’où les chanteurs de psaumes
Sont partis, sous l’aube verte, bénir les bateaux noirs.

Ma peine est ancienne, plus que la tienne, amie,
Qui pleure de me sentir pleurer si près de toi.
Elle est ancienne, ma peine, et l’ombre est pleine de voix
Qui me chantent un secret que je n’ose te dire, amie.

Il fait du vent sur la mer, et nul navire
Ne partira cette nuit, les flancs gros de prières,
Porter la charité du verbe et de la lumière
Aux habitants des îles qui attendent les navires.

Écoute ; les cloches sonnent de village en village
Le long de la côte tragique où ont pleuré les veuves !
Se peut-il que mon âme à moitié morte s’émeuve
Comme les femmes qui s’agenouillent vers la mer dans les villages ?