Page:Meslier - Testament, 1762.djvu/10

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recommande expressément à ses sectateurs[1] d’être fermes dans leur foi. De-là vient que tous les Christicoles tiennent pour maximes, que la foi est le commencement & le fondement du salut, & qu’elle est la racine de toute justice,& de toute sanctification, comme il est marqué dans le Concile de Trente Sess. 6 chap. 8.

Or il est évident qu’une créance aveugle de tout ce qui se propose sous le nom & l’autorité de Dieu, est un principe d’erreurs & de mensonges. Pour preuve c’est que l’on voit qu’il n’y a aucun imposteur en matiére de Religion qui ne prétende se couvrir du nom de l’autorité de Dieu, & ne se dise particuliérement inspiré & envoyé de Dieu. Non seulement cette foi & cette créance aveugle qu’ils posent pour fondement de leur Doctrine, est un principe d’erreurs &c. mais elle est aussi une source funeste de troubles & de divisions parmi les hommes, pour le maintien de leurs Religions. Il n’y a point de méchancetés qu’ils n’exercent les uns contre les autres, sous ce spécieux prétexte.

Or il n’est pas croyable, qu’un Dieu tout-puissant, infiniment bon & sage, voulût se servir d’un tel moyen ni d’une voie si trompeuse, pour faire connoître ses volontés aux hommes ; car ce seroit manifestement vouloir les induire en erreur & leur tendre des piéges, pour leur faire embrasser le parti du mensonge. Il n’est pareillement pas croyable qu’un Dieu qui aimeroit l’union & la paix, le bien & le salut des hommes, eût jamais établi pour fondement de sa Religion, une source si fatale de troubles & de divisions éternelles parmi les hommes. Donc des

  1. Estote ortes in fide.