Page:Meslier - Testament, 1762.djvu/14

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veur des Dieux : mais au lieu de cela on l’a regardé comme un homme de néant, un fanatique, &c.

Joseph l’Historien, après avoir parlé des plus grands miracles rapportés en faveur de sa nation & de sa Religion, en diminue aussi-tôt la créance, & la rend suspecte, en disant qu’il laisse à chacun la liberté d’en croire ce qu’il voudra ; marque bien certaine qu’il n’y ajoutoit pas beaucoup de foi. C’est aussi ce qui donne lieu aux plus judicieux, de regarder les histoires qui parlent de ces sortes de choses comme des narrations fabuleuses. Voyez Montagne & l’auteur de l’Apologie des grands hommes. On peut aussi voir la rélation des Missionnaires de l’Isle de Santorini : il y a trois chapitres de suite sur cette belle matière.

Tout ce que l’on peut dire à ce sujet nous fait clairement voir que les prétendus miracles se peuvent également imaginer en faveur du vice & du mensonge comme en faveur de la justice & de la vérité.

Je le prouve par le témoignage de ce que nos Christicoles mêmes appellent la Parole de Dieu, & par le témoignage de celui qu’ils adorent ; car leurs livres qu’ils disent contenir la Parole de Dieu, & le Christ lui-même qu’ils adorent comme un Dieu fait homme, nous marquent expressément, qu’il y a non seulement de faux Prophêtes, c’est-à-dire des Imposteurs, qui se disent envoyés de Dieu & qui parlent en son nom, mais qui nous marquent expressément encore, qu’ils font & qu’ils feront de si grands & si prodigieux miracles, que peu s’en faudra que les justes n’en soient séduits. Voy. Math. 24. 5. 11. 27. & ailleurs.