Page:Meslier - Testament, 1762.djvu/16

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pas difficile d’inspirer de la vénération & de l’attachement pour sa personne aux enfans de Jacob, rustiques & ignorans, & de leur faire embrasser dans la misére où ils étoient la discipline qu’il voulut leur donner. Voilà qui est bien différent de ce que les Juifs & nos Christicoles nous en veulent faire accroire. Par quelle règle certaine connoîtra-t-on qu’il faut ajouter foi à ceux-ci plutôt qu’aux autres ? Il n’y en a certainement aucune raison vraisemblable.

Il y a aussi peu de certitude, & même de vraisemblance, sur les miracles du Nouveau Testament que sur ceux de l’Ancien, pour pouvoir remplir les conditions précédentes.

Il ne serviroit de rien de dire que les histoires qui rapportent les faits contenus dans les Évangiles ont été regardées comme saintes & sacrées, qu’elles ont toujours été fidélement conservées sans aucune altération des vérités qu’elles renferment, puisque c’est peut-être par là-même qu’elles doivent être plus suspectes, & d’autant plus corrompües par ceux qui prétendent en tirer avantage ou qui craignent qu’elles ne leur soient pas assez favorables ; l’ordinaire des auteurs qui transcrivent ces sortes d’histoires étant d’y ajouter, d’y changer ou d’en retrancher tout ce que bon leur semble pour servir à leur dessein.

C’est ce que nos Christicoles mêmes ne sçauroient nier, puisque sans parler de plusieurs autres graves personnages qui ont reconnu les additions, les retranchemens & les falsifications qui ont été faites en différens temps, à ce qu’ils appellent leur Écriture sainte, leur St. Jérôme fameux Docteur parmi eux, dit formellement en plusieurs