Page:Meslier - Testament, 1762.djvu/20

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Ce qui confirme d’autant plus qu’il n’y a aucun fondement de certitude touchant l’autorité que l’on prétend donner à ces Livres, c’est que ceux qui en maintiennent la divinité sont obligés d’avouer qu’ils n’auroient aucune certitude pour les fixer, si leur foi, disent-ils, ne les en assuroit & ne les obligeoit absolument de le croire ainsi. Or, comme la foi n’est qu’un principe d’erreur & d’imposture, comment la foi, c’est-à-dire une créance aveugle, peut-elle rendre certains les Livres qui sont eux-mêmes le fondement de cette créance aveugle ? Quelle pitié & quelle démence !

Mais voyons si ces Livres portent en eux-mêmes quelque caractère particulier de vérité, comme par exemple, d’érudition, de sagesse, & de sainteté, ou de quelques autres perfections qui ne puissent convenir qu’à un Dieu, & si les miracles qui y sont cités s’accordent avec ce que l’on devroit penser de la grandeur, de la bonté, de la justice & de la sagesse infinie d’un Dieu tout-puissant.

Premiérement, on verra qu’il n’y a aucune érudition, aucune pensée sublime, ni aucune production qui passe les forces ordinaires de l’esprit humain. Au contraire on n’y verra d’un côté, que des narrations fabuleuses, comme sont celles de la formation de la femme tirée d’une côte de l’homme, du prétendu Paradis Terrestre, d’un serpent qui parloit, qui raisonnoit, & qui étoit même plus rusé que l’homme ; d’une anesse qui parloit & qui reprenoit son maître de ce qu’il la maltraitoit mal-à-propos ; d’un Déluge universel, & d’une Arche où des Animaux de toute espèce étoient renfermés ; de la confusion des langues & de la division des nations ; sans parler de quantité d’autres vains récits particuliers sur des sujets bas & frivoles, &