Page:Meslier - Testament, 1762.djvu/3

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ques Paysans, il ne voulut pas le recommander nommément au Prône : Mr. de Mailly Archevêque de Reims, devant qui la contestation fut portée, l’y condamna. Mais le Dimanche qui suivit cette décision, ce Curé monta en Chaire & se plaignit de la sentence du Cardinal. « Voici, dit-il, le sort ordinaire des pauvres Curés de Campagne ; les Archevêques, qui sont de grands Seigneurs, les méprisent & ne les écoutent pas. Recommandons donc le Seigneur de ce lieu. Nous prierons Dieu pour Antoine De Touilly ; qu’il le convertisse, & lui fasse la grace de ne point maltraiter le pauvre, & dépouiller l’orphelin. »

Ce Seigneur présent à cette mortifiante recommandation, en porta de nouvelles plaintes au même Archevêque, qui fit venir le Sieur Meslier à Donchery, où il le maltraita de paroles.

Il n’a guère eu depuis d’autres événemens dans sa vie ni d’autre bénéfice que celui d’Etrépigny.

Les principaux de ses Livres étoient la Bible, un Moréri, un Montagne & quelques Pères ; & ce n’est que dans la lecture de la Bible & des Pères qu’il puisa ses sentimens. Il en fit trois copies de sa main, l’une desquelles fut portée au Garde des Sceaux de France, sur laquelle on a tiré l’Extrait suivant. Son MS. est adressé à Mr. Le Roux Procureur & Avocat en Parlement, à Mézières.

Il est écrit à l’autre côté d’un gros papier gris qui sert d’envelope, « J’ai vu & reconnu les erreurs, les abus, les vanités, les folies & les méchancetés des hommes ; je les ai haïs & détestés, je ne l’ai osé dire pendant ma vie, mais je le dirai au moins en mourant & après ma mort ; & c’est afin qu’on le sçache, que je fais, & écris le pré-