Page:Meslier - Testament, 1762.djvu/34

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cinquante Philosophes que Ste. Catherine convertit, ayant tous été jettés dans un grand feu, leurs corps furent après trouvés entiers, & pas un seul de leurs cheveux brûlés ; que le corps de Ste. Catherine fut enlevé par les Anges après sa mort, & enterré par eux sur le mont Sinaï. Que le jour de la Canonisation de St. Antoine de Padoüe toutes les cloches de la Ville de Lisbonne sonnèrent d’elles-mêmes sans que l’on sçût d’où cela venoit ; que ce Saint étant un jour sur le bord de la mer, & ayant appellé les poissons pour les prêcher, ils vinrent devant lui en foule, & mettant la tête hors de l’eau ils l’écoutoient attentivement. On ne finiroit point s’il falloit rapporter toutes ces balivernes : il n’y a sujet si vain & si frivole, & même si ridicule, où les auteurs de ces vies de Saints, ne prennent plaisir d’entasser miracles sur miracles, tant ils sont habiles à forger de beaux mensonges. Voyez aussi le sentiment de Naudé sur cette matière dans son Apologie des Grands-hommes, Tom. 2. p. 13.

Ce n’est pas sans raison, en effet, que l’on regarde ces choses comme de vains mensonges ; car il est facile de voir que tous ces prétendus miracles n’ont été inventés qu’à l’imitation des fables des Poëtes Payens ; c’est ce qui paroît assez visiblement par la conformité qu’il y a des uns aux autres.




CHAPITRE IV.

Conformité des anciens & nouveaux Miracles.



SI nos Christicoles disent que Dieu donnoit véritablement pouvoir à ses Saints de faire tous les miracles