Page:Meslier - Testament, 1762.djvu/39

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Si Dieu fit connoître par une voix du Ciel, que Jesus-Christ étoit son fils comme le citent les Évangelistes, Vulcain fit voir par l’apparition d’une flamme miraculeuse que Cœculus étoit véritablement son fils.

Si Dieu a miraculeusement nourri quelques-uns de ses Saints ; les Poëtes Payens disent que Triptolème fut miraculeusement nourri d’un lait divin par Cérès, qui lui donna aussi un char attelé de deux dragons, & que Phénée fils de Mars, étant sorti du ventre de sa mère déjà morte, fut néanmoins miraculeusement nourri de son lait.

Si plusieurs Saints ont miraculeusement adouci la cruauté & la férocité des bêtes les plus cruelles ; il est dit qu’Orphée attiroit à lui par la douceur de son chant & l’harmonie de ses instrumens, les lions, les ours & les tigres, & adoucissoit la férocité de leur nature ; qu’il attiroit à lui les rochers, les arbres, & même les riviéres arrêtoient leur cours pour l’entendre chanter.

Enfin, pour abréger, car on en pourroit rapporter bien d’autres, si nos Christicoles disent que les murailles de la ville de Jéricho tombèrent par le son des trompettes ; les Payens disent que les murailles de la ville de Thèbes furent bâties par le son des instrumens de musique d’Amphion, les pierres, disent les Poëtes, s’étant agencées d’elles-mêmes par la douceur de son harmonie ; ce qui seroit encore bien plus miraculeux & plus admirable, que de voir tomber des murailles par terre.

Voilà certainement une grande conformité de miracles de part & d’autre. Comme ce seroit une grande sotise d’ajouter foi à ces prétendus miracles du Paganisme, ce n’en est pas moins une d’en ajouter à ceux du Christianisme, puisqu’ils ne viennent tous que d’un même princi-