Page:Meslier - Testament, 1762.djvu/53

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mon, qui se devoit faire par leur divin Sauveur.

Que par l’abondance des richesses, & toutes les félicités temporelles promises à ce peuple, il faut entendre l’abondance des graces spirituelles ; & qu’enfin par la ville de Jérusalem il faut entendre, non la Jérusalem terrestre, mais la Jérusalem spirituelle, qui est l’Église Chrétienne.

Mais il est facile de voir que ces sens spirituels & allégoriques n’étant qu’un sens étranger, imaginaire, un subterfuge des interprétes ; il ne peut nullement servir à faire voir la vérité ni la fausseté d’une proposition ni d’une promesse quelconque. Il est ridicule de forger ainsi des sens allégoriques, puisque ce n’est que par rapport au sens naturel & véritable que l’on peut juger de la vérité ou de la fausseté. Une proposition, par exemple, une promesse qui se trouve véritable dans le sens propre & naturel des termes dans lesquels elle est conçüe, ne deviendra pas fausse en elle-même, sous prétexte qu’on voudroit lui donner un sens étranger qu’elle n’auroit pas : de même que celles qui se trouvent manifestement fausses dans leur sens propre & naturel, ne deviendront pas véritables en elles-mêmes, sous prétexte qu’on voudroit leur donner un sens étranger qu’elles n’auroient pas.

On peut dire que les prophéties de l’Ancien Testament ajoutées au nouveau, sont des choses bien absurdes & bien puériles. Par exemple, Abraham avoit deux femmes, dont l’une qui n’étoit que servante figuroit la synagogue, & l’autre qui étoit épouse figuroit l’Église Chrétienne. Et sous prétexte encore que cet Abraham avoit eu deux fils, dont l’un qui étoit de la servante figuroit le vieux Testament, & l’autre qui étoit de son épouse figuroit le Nouveau Tes-