Page:Meslier - Testament, 1762.djvu/59

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vines personnes se soit positivement déclarée là-dessus. Comment donc nos Christicoles peuvent-ils sçavoir ce qui en est ? Ils n’en parlent donc que suivant leurs idées & leurs imaginations creuses.

2o. On pourroit dire que si ces prétenduës divines personnes avoient la puissance d’engendrer plusieurs enfans & qu’elles n’en voulussent cependant rien faire, il s’ensuivroit que cette divine puissance demeureroit en elles sans effet. Elle seroit tout-à-fait sans effet dans la troisiéme personne, qui n’en engendreroit & n’en produiroit aucune, & elle seroit presque sans effet dans les deux autres, puisqu’elles voudroient la borner à si peu. Ainsi cette puissance qu’elles auroient d’engendrer & de produire quantité d’enfans, demeureroit en elles comme oisive & inutile, ce qu’il ne seroit nullement convenable de dire de divines personnes.

Nos Christicoles blâment & condamnent les Payens de ce qu’ils attribuoient la divinité à des hommes mortels, & de ce qu’ils les adoroient comme des Dieux après leur mort ; ils ont raison en cela, mais ces Payens ne faisoient que ce que font encore maintenant nos Christicoles, qui attribuent la divinité à leur Christ, ensorte qu’ils devroient eux-mêmes se condamner aussi, puisqu’ils sont dans la même erreur que ces Payens, & qu’ils adorent un homme qui étoit mortel, & si bien mortel, qu’il mourut honteusement sur une croix.

Il ne serviroit de rien à nos Christicoles de dire qu’il y auroit une grande différence entre leur Jesus-Christ & les Dieux des Payens, sous prétexte que leur Christ seroit, comme ils disent, vrai Dieu & vrai homme tout ensemble, attendu que la Divinité se seroit véritablement incar-