Page:Meslon - Petite pervertie.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 79 —

Je quittais brusquement Guy de Saivre. Je pensais ne plus jamais le revoir.

Nos rapports avaient été coupables. J’avais pourtant un idéal. Comme tous les hommes se ressemblaient !

Jouir, posséder, avilir, détruire.

Moi aussi désormais je voulais être cruelle. Je voulais briser. Anéantir. Hélas ! en aurais-je la force ?

J’allais mélancoliquement à travers les allées du champ des morts porter quelques fleurs sur la tombe de mon cher papa. Lou marchait à mon côté. Il baissait la tête. Unissant sa tristesse à la mienne. Mes voiles noirs flottaient au vent. La brume froide et lourde pesait sur les acacias. Leurs petites feuilles tombaient lentement comme des larmes. La tristesse de cet automne malade était à l’unisson de mon cœur. Je m’agenouillais devant cette morne tombe. Mon père dormait