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Il n’est mots caressants
Que sa lèvre ne dise,
Mots toujours languissants,
 D’une phrase imprécise.

Timide, il n’a pas su
Bégayer le mot tendre,
Et notre espoir déçu
Rougit sans se comprendre.

Alors, sa main étreint
Ma petite main blanche,
En un rire contraint,
Ma tristesse s’épanche.

Je me tais et j’attends.
Le ciel est mon oracle.
Ô Nature ! ô Printemps !
Fais pour nous un miracle !

LUCIENNE, embrassant Colette.

Mais c’est bien, c’est très bien… et… ces vers de six pieds
Sont bien écrits par toi, sans être copiés.
Je n’aurais jamais cru.

COLETTE, modestement.

Je n’aurais jamais cru. C’est chose assez facile.

LUCIENNE.

Ce n’est pas un pastiche ?…

COLETTE, candidement.

Ce n’est pas un pastiche ?… Oh ! non, c’est une Idylle.

LUCIENNE.

Les miracles, vois-tu, ne sont plus de nos jours.
Trop tard, je n’y crois plus.