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LUCIENNE.

Sois fine. J’y saurai mettre de ma façon,
Pour qu’il prenne, à m’entendre, une aimable leçon.
À moins qu’il soit si doux, si généreux, si tendre.

COLETTE.

Et qu’il tombe à tes pieds avant de te comprendre.

LUCIENNE, après une pause.

À quoi penses-tu donc ? Ton front se rembrunit,
Tout notre enchantement est-il sitôt fini ?

COLETTE, devenue subitement triste.

Je pense que j’ai tort d’aimer… je me raisonne.
Je dis que mon bonheur ne doit nuire à personne.

LUCIENNE.

Comment ?

COLETTE.

Comment ? Puisque de Paul le brillant avenir
À mon sort est lié, je dois m’en souvenir.
Bienheureuse déjà qu’une vieille parente
S’accommode avec nous, d’une modeste rente.
Sa fortune très mince, aux deux nôtres se joint,
Et ce petit pécule arrive fort à point.
Nous vivons tous les trois. Paul travaille, il est libre.
Si nous nous séparons, adieu tout l’équilibre
De ce faible budget. Les termes du loyer
Sont un trop lourd fardeau qu’ils ne sauraient payer
Tous deux, sans mon secours.

LUCIENNE.

Tous deux, sans mon secours. Toi seule le protèges ?

COLETTE.

Et puis, c’est le tailleur, les modèles, que sais-je ?
Mille petits détails qu’exige une maison.
Je vis à Saint-Denis. Simple combinaison.