Aller au contenu

Page:Metivet, Jean-qui-lit et Snobinet, 1909.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

trouve mon cousin Guy très chic. Aussi j’espère bien lui ressembler plus tard.

JEAN

Alors, tu manqueras aussi tes examens, car il paraît qu’il n’a jamais pu venir à bout de passer son baccalauréat…

SNOBINET

Possible ! mais tu as entendu, à table, comme il a causé de tout en homme qui s’y connaît. J’ai été un jour avec lui à une exposition de peinture ; eh bien ! du premier coup d’œil il dit si un tableau est bon ou mauvais.

JEAN

Comment fait-il, surtout s’il a le malheur de garder son carreau dans l’œil ?

SNOBINET

Ah ! voilà ! Il a un journal sur lequel sont inscrits les tableaux qu’il faut admirer, et ce qu’on doit dire devant chacun. Quand il s’arrête, il cligne de l’œil, trace des zigzags dans l’air avec son pouce droit et, renversant la tête, il recule en marchant parfois sur les pieds des visiteurs qui sont derrière lui, puis il déclare : « Excellente facture, pâte savoureuse, ligne séduisante… » enfin, un tas de mots qu’il a appris par cœur.