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l’évolution du règne métallique
l’unanimité des savants. — Elle fut victorieusement attaquée au xviie siècle par la philosophie cartésienne qui proclamait l’éternelle similitude du monde matériel. — Le concept de perfection de l’or devient inintelligible. — En dehors de son théorème fondamental, l’alchimie ne présentait aucune construction solide, de là son manque de résistance. — Les lacunes de notre exposé d’ensemble. — Comment cette doctrine a persisté, en sous-courant, jusqu’à nos jours. — A-t-elle joué un rôle bienfaisant dans la formation de la science. — Exposé du problème que l’historien livre au philosophe.


A. — Nous allons, dans les pages suivantes, tenter de donner une idée de la place que tenait la « philosophie des métaux » dans la théorie chimique du xviie siècle ! Il ne s’agit pas, bien entendu, d’entraîner le lecteur dans le labyrinthe mystérieux où les chercheurs de la pierre philosophale, charmés sans doute par la grandeur impressionnante de leur rêve, venaient se perdre. Nous ne discuterons pas un instant avec les illuminés qui croyaient facilement réaliser le grand œuvre ; mais nous essayerons d’entrevoir quels motifs irrésistibles les portaient, malgré de nombreuses déceptions, à s’obstiner à résoudre cet insoluble problème : la transmutation des métaux imparfaits en or incorruptible ! Les adeptes, par une illusion invincible et sans cesse renaissante, se croyaient perpétuellement à la veille d’atteindre le but tant désiré, qui leur échappait constamment et paraissait toujours à leur portée. Ils persistaient malgré les échecs répétés, les ruines, les moqueries