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les doctrines chimiques en france

et elles seraient toujours autant de chefs-d’œuvre, parce que toutes ses opérations seraient toujours fort justes et fort régulières. C’est pourquoi nous devons considérer la naissance des métaux imparfaits comme celle des avortons et des monstres, qui n’arrive que parce que la Nature est détournée de ses actions et qu’elle trouve une résistance qui lui lie les mains et des obstacles qui l’empêchent d’agir aussi régulièrement qu’elle a coutume de faire[1]. » L’alchimiste donc, en essayant d’obtenir par l’art, ce qui se fait naturellement en un temps beaucoup plus long, en essayant tout au moins de réaliser une transformation qui a une tendance à se produire même sans son action, n’agit pas absolument au hasard ! Du moment qu’il sait que tous les phénomènes chimiques se font dans un sens déterminé, il tentera simplement, en suivant les lois de la Nature, d’aller plus vite que la Nature ![2] Il aura quelque peine à admettre que l’or n’ait pas été produit en un instant ? Il demandera d’où proviennent les « résistances » qui sont opposées au développement de ce précieux et admirable métal ![3] Mais des difficultés analogues se rencontreraient, semble-t-il, dans nombre de théories scientifiques dont personne ne songe à sourire ! « Les métaux imparfaits, dit Hermite, ont une naturelle disposition à recevoir

  1. Salomon, p. xxviii.
  2. Nature surmonte nature (adage alchimique).
  3. Aphorismes chimiques. Paris, 1692. Le véritable auteur serait Mercure Van Helmont, fils du célèbre savant.