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l’évolution du règne métallique

Bref, nous ne savons pas distinguer les ouvrages de l’imposteur, du charlatan ou du visionnaire des recherches laborieuses de l’honnête chimiste. Sans nous permettre donc de juger les expériences diverses proposées obscurément par les philosophes hermétiques, sans vouloir classer et même saisir la valeur particulière de chacune des méthodes, déclarées infaillibles par chacun de ces savants, nous essaierons de rendre compte des principes essentiels sur lesquels l’alchimiste s’appuyait pour déclarer que la recherche de la pierre philosophale était raisonnable, comme nous avons tenté de mettre en lumière l’espérance philosophique qui les poussait à déclarer possible et même nécessaire le perfectionnement des métaux.

L’attitude la plus sage sur ce point nous est indiquée par le grand savant Boerhave, dont l’esprit averti et bienveillant semble très respectueux des ouvrages des alchimistes. « Quand je comprends leur pensée, dit-il, je vois qu’ils décrivent très naturellement la pure vérité, qu’ils ne me trompent point et qu’ils ne se trompent pas eux-mêmes. » Quand donc je parviens à des endroits où je n’entends pas ce qu’ils veulent dire, pourquoi les accuserais-je d’être dans l’erreur ?…[1] » Pour expliquer cependant que les secrets des philosophes hermétiques sont si éloignés des vérifications expérimentales, que, quand on suit leurs recettes, on

  1. Chimie, vol. i, p. 256.