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les doctrines chimiques en france

traiter les maladies de cœur par l’or, les maux de tête par l’argent, etc., et au lieu de corriger la nature ils ne feront que de l’aider à suivre son cours. En cherchant la meilleure manière d’administrer les remèdes métalliques, la nouvelle école de médecin créa la pharmacie chimique, qui perfectionna les fourneaux et instruments de laboratoire ; cela encouragea vivement la naissance de la science expérimentale, qui s’installa définitivement sur les ruines de l’ancienne pharmacie galénique, après un combat acharné dont il ne nous appartient pas de raconter l’histoire détaillée[1].

Revenons aux analogies. Après les avoir établies, en invoquant pour les justifier des arguments plus ou moins solides, nos savants étaient satisfaits et croyaient avoir atteint la signification profonde des corps de la nature. Ils donnaient aux caractères apparents, qui leur faisaient pressentir les parentés entre les différentes substances du monde, le nom mystique de « signature des choses[2] ». Tout animal, tout végétal, tout minéral qui, par quelque côté, ressemblait à un de nos organes, a pour cet organe une sympathie particulière et, le cas échéant, lui porte secours. « C’est sur ce fondement, nous dit James, qu’ils prétendent que la dentaria, dont la racine ressemble à une chaîne de dents enfilées les unes avec les autres, nous indique par cette

  1. Nous en dirons quelques mots plus loin.
  2. Le traité de Crollius qui eut tant de succès est un pur développement des idées paracelsistes. James, p. cxiii.