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les doctrines chimiques en france

Dieu a faite de la nature humaine plutôt que de l’angélique[1] ».

Blaise de Vigenère essaye de nous montrer que le feu et le sel sont deux corps absolument semblables ; la cuisson nous permet de conserver quelque temps la plupart des substances organiques : mais, si ces matières sont placées dans le sel, elles sont de même protégées contre l’altération putride. Ne voyons-nous pas là l’indice d’une analogie de nature entre le feu et le sel[2] ? Et sur cette analogie, pourquoi ne construirions-nous pas tout un système physique et chimique auquel elle servirait de base ? Comme d’ailleurs le monde sensible est analogue de tous points au monde intellectuel, dont il est une copie corporelle, l’étude de la chimie nous dévoile les vérités métaphysiques et religieuses qui, tout d’abord, semblaient en dehors de son domaine. Le mysticisme de Paracelse semble s’allier harmonieusement avec les traditions philosophiques du moyen âge, et l’autorité des Arabes, des cabalistes, de Scot Érigène, de Raymond Lulle et de bien d’autres savants célèbres soutiennent les nouvelles doctrines.

Barlet, dont le cours de chimie nous avait semblé précédemment incompréhensible et fantaisiste, croit aussi que l’intelligible est révélé par le sensible ; et c’est pour cela que ce philosophe s’est adonné à l’étude de la « physique résolutive » ! Mais il ne

  1. L’aimant mystique, 1659, p. 1.
  2. Traité du feu et du sel, Paris, 1643, in-4, , p. 53.