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les doctrines chimiques en france

du verre ce dissolvant universel qui réduit en eau les matières les plus dures ?[1] Tout cela nous permet de supposer que la liqueur aleahest, loin d’avoir été véritablement découverte par Van Helmont, n’a jamais été qu’un produit de son imagination. Dans le désir de démontrer la justesse de tout son système, n’a-t-il pas cru avoir réalisé les expériences qu’il avait seulement projetées ? N’a-t-il pu confondre la réalité et sa doctrine et n’a-t-il pas cru avoir observé des faits qui n’étaient qu’une promotion de sa théorie ? Cette interprétation de la pensée de Van Helmont n’apparaîtra pas comme étrange si l’on se souvient que notre philosophe ne considérait le travail de laboratoire, aussi bien que les prières et les jeûnes, que comme une préparation à l’illumination de notre esprit ! Si la possibilité de l’alcahest était démontrée ; le système cosmologique de Van Helmont ne se dresserait-il pas sur un solide point d’appui ? Bref cet énigmatique alcahest nous apparaît comme une fiction destinée à soutenir une philosophie de la nature, et les expériences de laboratoire invoquées par l’auteur semblent être très librement interprétées et peu fidèlement reproduites dans son texte[2].

  1. Critique de Kunckel : « Mais si l’alcahest dissout tout ce qui est, il doit aussi dissoudre le vase qui le renferme » ; cité par Hoefer, Histoire de la Chimie, vol. 2 p. 199.
  2. Ces expériences, nous n’essayerons ni de préciser leur signification ni de discuter leur valeur ; remarquons, seulement que leur traduction philosophique dépassait infiniment les quelques faits placés à leur base.