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les doctrines chimiques en france

commence cette séparation quand le dissolvant est un alcali. Et c’est en ce sens qu’agit l’esprit volatil du sel ammoniac ![1] »

Cette argumentation des chimistes qui, en bonne logique, est soutenable, a paru dénuée de bon sens et surtout a semblé fort arbitraire. Pour faire rentrer les phénomènes chimiques dans leur système simpliste, nos savants se voyaient forcés de voir partout des acides et des alcalis luttant les uns contre les autres. Ils étaient fort embarrassés pour expliquer comment les acides par exemple, dans certaines conditions, réagissaient les uns avec les autres. L’acide nitreux[2] ne forme-t-il pas quand on le mélange avec l’acide du sel marin[3] un nouveau corps, l’eau régale ? Comment expliquer ce phénomène ? Cela prouve tout simplement, a dit Nehemiah Grew[4], un des défenseurs de la doctrine, que l’acide du sel marin est un acide qui tient de la nature de l’alcali.

Malgré l’indépendance de leur esprit, nos chimistes ne dédaignaient pas absolument la théorie alors régnante sur la décomposition des substances les plus variées ; la théorie des quatre éléments d’Aristote et de Galien n’avait plus la faveur de

  1. Bertrand, pages 7 et 8. L’or réduit quand il est fondu une verge de fer en scories. V. aussi André. C’était une expérience à laquelle on attachait beaucoup d’importance.
  2. Nitrique.
  3. Chlorhydrique.
  4. Recueil d’expériences et observations sur le combat qui procède du mélange des corps. Trad. Mesmin, voir les premières pages.