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les doctrines chimiques en france

tant jamais faire que le sel acide ne soit plus sel « acide et le sel alcali, sel alcali[1]. »

Nous connaissons maintenant les grandes lignes de la théorie. Comme il fallait s’y attendre, la nouvelle doctrine ne se contenta pas d’expliquer les phénomènes physiologiques qui font l’objet de la médecine et les réactions matérielles qui font l’objet de la chimie. Trouvant ce domaine trop étroit, elle s’enhardit jusqu’à vouloir rendre raison du monde entier… elle prétendit pénétrer les causes de l’aimantation, de la pesanteur, de la lumière, de toutes nos sensations, d’odorat, de goût, etc.[2]. Il serait trop long d’énumérer les arguments sur lesquels nos chimistes se basaient pour accroître indéfiniment la puissance de leur théorie. Nous en savons assez pour concevoir que cette théorie ingénieuse et fragile se trouvait en butte aux attaques venues de tous les points du monde savant. Tout d’abord les médecins galénistes, s’étant vus attaqués par elle, n’étaient pas disposés à suivre ces enseignements… Puis, au nom de la science expérimentale, Robert Boyle déclara trop simpliste le dualisme acide-alcali ; et il l’attaqua avec autant de succès qu’il avait attaqué dans le « chimiste sceptique » la doctrine des trois principes spagyriques ou des quatre éléments d’Aristote ; au nom de la philosophie corpusculaire, qui prétend se faire une représentation imagée de tous

  1. Page 52 et suiv.
  2. Voir l’ouvrage de Bertrand qui combat toutes ces prétentions.