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principales théories des iatro-chimistes

nous répondra que trois sortes d’arguments sont utilisés pour mettre en évidence son rôle malfaisant ! Le premier, qui ne nous intéresse pas, est tiré des effets pernicieux que ce minéral aurait sur notre organisme ; le troisième, que nous négligerons d’examiner, est tiré de l’autorité de deux ou trois chimistes des anciens temps. Enfin le second a trait aux principes qui le composent ; on reproche en premier lieu à l’antimoine de contenir un soufre arsenical et par conséquent toxique. Or, répond Lamy, le soufre externe de l’antimoine est un soufre ordinaire qui ne se distingue par aucune propriété spéciale ; l’autre soufre, nous le savons déjà, n’a jamais pu être isolé par aucun procédé chimique, et Lamy ajoute à ce qu’il nous a précédemment appris : « Pour ce qui est du soufre interne de l’antimoine, il n’est pas facile de prouver qu’il y en ait. Il y a quelques conjectures pour cela, qui ne sont pas assez certaines. Mais supposons que l’ antimoine soit composé de sel de soufre et de mercure ; comme ces principes ne peuvent être séparés les uns des autres, on ne peut connaître leur nature, et, liés étroitement comme ils sont, ils demeurent en repos et n’ont aucune action. De sorte que, par le sel, le soufre ou le mercure de l’antimoine, supposé qu’il y en ait, on ne saurait prouver que c’est un poison puisque ces principes, si on les séparait, seraient peut être fort innocents et même salutaires[1]. »

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