Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
255
Développement de la philosophie mécanique

des mixtes qui en sont formés ; la terre, par exemple, ne peut être considérée comme la cause de la pesanteur, puisque certains métaux, l’or ou le mercure, par exemple, sont beaucoup plus denses que la terre[1]… Mais Boyle ne s’arrête pas longtemps à discuter les opinions d’Aristote, visiblement démodées et qui ne comptaient plus à cette époque un grand nombre de partisans.

Il attaque plus sérieusement les trois principes, dont les combinaisons, si nous en croyons la plupart des chimistes, formeraient à elles seules les substances les plus variées. Ces principes, dit-il, sont mal définis : sont-ils des corps tangibles ? Sont-ils, au contraire des concepts que la raison crée pour supporter certaines propriétés ?… Le soufre, par exemple, est-il ce corps jaune, vendu par les pharmaciens et doué de telles propriétés chimiques ? Ou bien est-il le principe de la combustibilité ? À cette question, Boyle n’ose répondre ; voyons comment il présente le problème à ses lecteurs : « Si vous me disiez, comme vous le ferez peut-être, que ce que j’ai exposé plus haut a trait aux liqueurs inflammables, puisque le soufre, dans sa première et plus exacte signification, est un corps minéral, je répondrai que, ainsi que je l’ai déjà t’ait remarquer, les chimistes emploient le terme soufre d’une manière si ambiguë et si incertaine qu’ils ont rendu difficile aux autres hommes

  1. Page 352.