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Développement de la philosophie mécanique

nature, des corps qui méritent le nom d’élément, ou toutes les substances que nous remarquons sont-elles des modifications variées d’une même matière élémentaire ? » Cette question, fait remarquer Boyle, n’est pas absurde ; il ne s’agit pas de nier l’existence de la terre, du soufre, de l’eau, etc. ; l’on demande seulement si ces corps méritent oui ou non le titre d’élément. Et, à sa question proposée sous forme de « paradoxe », le chimiste sceptique ne fournit aucune réponse.

Il nous laisse pourtant deviner vers quelles conclusions l’incline l’ensemble de ses méditations ; ce sont celles mêmes que Van Helmont avait posées comme affirmations primordiales ; un seul élément formerait la substance matérielle de tous les corps que l’on a cru jusqu’à présent être des mixtes ; cet élément, grâce à l’action de certaines circonstances extérieures, prendrait les aspects variés que présentent les différents objets que nous connaissons : voilà en quoi la philosophie mécanique de Descartes ou de Boyle s’accorde avec la philosophie mystique de Van Helmont. Jusque-là les doctrines s’identifient ; voyons maintenant leurs différences !

Van Helmont, s’appuyant sur une interprétation de la Genèse, prétendait que l’eau est la seule matière dont toutes les autres seraient des modifications ; ces modifications, dues à l’action de principes spirituels ou ferments, imprimeraient à l’eau un état caractéristique de leur influence. Un principe spirituel, de nature supérieure aux ferments, l’archée,